Artistes : Doublement nommé à l'Oscar 2015 de la meilleure musique originale (pour The Grand Budapest Hotel et The Imitation Game), Alexandre Desplat fait l'objet d'un beau portrait diffusé ce lundi à 22h30 sur OCS City. L'occasion de pénétrer dans l'intimité du compositeur et de découvrir sa méthode de travail.
D'Audiard à Clooney
Sur une feuille blanche, cinq lignes horizontales tracées à la va vite, bientôt ponctuées par une série de ronds... des notes. Alexandre Desplat couche sur le papier une mélodie qui lui traverse l'esprit. Assis à son bureau, le Français utilise plutôt un cahier de partition, qu'il remplit à l'aide d'un critérium aux mines 2B d'une marque spécifique, tout comme celle de sa gomme. Puis direction le piano pour travailler, encore et encore, un air qui deviendra symphonie.
Dans ce documentaire, qui fait partie de Bandes originales, une série consacrée aux compositeurs de musiques de films, la réalisatrice Pascale Cuenot nous fait entrer dans l'intimité de Desplat. Sa caméra le suit, de son lieu de travail aux studios d'enregistrement, à Londres ou Paris. Face aux orchestres, il prend la baguette et dirige les musiciens, alternant mouvements ronds et gestes secs, recadrant parfois d'un ton ferme mais poli, lâchant quelques réflexions pleines d'humour... C'est ce grand professionnalisme et ce respect des hommes, qui a plu à George Clooney, avec lequel Desplat a collaboré à plusieurs reprises (Les Marches du pouvoir, Monuments Men). Jacques Audiard, Roman Polanski, Wes Anderson, Stephen Frears et Florent-Emilio Siri viennent aussi témoigner du rôle important de Desplat dans l'élaboration de leurs oeuvres. Tous encensent son approche et sa capacité à traduire en musique la vision du réalisateur.
Magnétoscopes et fuseaux horaires
Le talent d'Alexandre Desplat s'est développé sur un terreau fertile : celui d'une solide formation musicale, elle-même encouragée par une famille de musiciens à la fois grecque et française - un métissage qui se retrouve dans ses compositions. Cette passion pour la musique est doublée d'un amour pour le 7e art : le jeune Alexandre veut composer pour le cinéma. Sur son magnétoscope, il passe et repasse les moments où la musique intervient dans un film. Il veut comprendre le mécanisme, l'alchimie qui s'opère. Ses maîtres sont Georges Delerue, Maurice Jarre, John Williams, Jerry Goldsmith...
Ses scores de La Jeune fille à la perle (2003) et Birth (2004) lui ouvrent les portes d'Hollywood. Le rêve devient réalité. Loin du glamour, il doit apprendre à bosser avec les Américains : exigence, travail, écoute sont de rigueur. Desplat évoque également la nécessité d'être en bonne condition physique, lui qui partage désormais son temps entre L.A., Paris et les studios d'enregistrement européens. Son épouse, musicienne, participe également à ses projets. Pas de grosse tête : le bonhomme semble être rester simple, humble même, face aux cinéastes avec lesquels il collabore.
Quant à la production de Desplat, elle est impressionnante : trois films en 2015, six en 2014, sept en 2013, jusqu'à huit en 2011 ! Le compositeur choisit ses films en fonction des cinéastes, du scénario mais aussi du casting. Il lui est ainsi arrivé de refuser un contrat car il n'aimait pas l'acteur principal ! Aujourd'hui, il peut ainsi composer pour un blockbuster (Harry Potter et les reliques de la mort, Godzilla), un film d'auteur (Renoir) ou une comédie à la française (L'Enquête corse, Michou d'Auber). D'où une pelletée de récompenses : César, Golden Globe, Grammy, Bafta... mais pas encore d'Oscar malgré ses huit nominations. On croise les doigts pour la cérémonie 2015.
Un sacré parcours qui met en lumière un artiste à l'immense talent ainsi qu'une oeuvre riche, éclectique, originale. Ce bon documentaire nous en fait saisir toute la portée.
Bandes originales : Alexandre Desplat. Réalisation : Pascale Cuenot. Diffusion : lundi 9 février à 22h30 sur OCS City.
Anderton
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