mardi 24 février 2015

Le Dernier Loup : la grandeur selon Annaud

 
En salles : "L'homme est un loup pour l'homme", a écrit Hobbes. Avec Le Dernier Loup, Jean-Jacques Annaud nous montre que l'homme serait surtout un loup pour le loup si cette expression n'était pas aussi injuste envers l'animal. Une fois de plus, le cinéaste fait passer son message en proposant du grand spectacle, des grandes émotions, de grands espaces...
 

Cette grandeur, que ses détracteurs assimilent à tort à de la grandiloquence, Annaud l'assume. Dans le fond, en transportant le spectateur dans l'immensité des plaines mongoles, vastes étendues d'herbe grasse ou recouvertes d'un épais manteau neigeux, encadrées par des promontoires rocheux, avec pour miroir des cieux interminables. Là, vivent des nomades, regroupés autour de quelques yourtes et de troupeaux. Deux étudiants chinois viennent y découvrir le rude mode de vie local et y enseigner le mandarin, sur fond de révolution culturelle. Ils découvrent un monde où l'homme vit en harmonie avec la nature, où le berger côtoie le loup, chacun défendant son territoire tout en reconnaissant l'existence de l'autre. La course au progrès, véhiculée par le parti communiste, bouleverse cet équilibre. Les hommes brisent la chaîne alimentaire. Affamés, les loups attaquent les troupeaux. Le parti décide alors de décimer les meutes, pour la plus grande incompréhension des nomades et des deux étudiants.
 
Plein cadre
 
Grandeur des paysages, qu'Annaud met en valeur en plein écran. Hommes, chevaux, loups évoluent dans tout l'espace du cadre, y compris dans ses extrémités... Tant pis pour les diffusions ultérieures sur petit écran. Le cinéaste avait déjà fait ce choix pour L'Ours, refusant la facilité de l'action "centrée". Annaud voit grand et filme grand. Le recours à la 3D lui permet en outre d'habiller son cadre, de lui donner de la profondeur.
 
Le Dernier Loup a du souffle et coupe souvent celui du spectateur devant la beauté de cette nature sur laquelle le temps ne semble pas avoir d'emprise. Annaud nous emballe en filmant des scènes de chasse et de cavalcades avec pour seuls dialogues le rugissement des fauves et le mugissement du vent. Il nous émeut en ne cachant rien des ignobles stratagèmes pour éradiquer les loups. Il nous donne à réfléchir et à rêver. Sans calcul, dans une approche très premier degré, loin du cynisme actuel. Qui d'autre que Jean-Jacques Annaud peut nous proposer un tel film ? Personne. Laissez-vous emporter et laissez vos émotions vous submerger.
 
Anderton
 

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