mercredi 11 février 2015

Une histoire américaine : I Broken Heart NY


En salles (le 11 février) : Vincent (Vincent Macaigne), éperdument amoureux de Barbara (Kate Moran), une Américaine, pose ses valises à New York. Mais elle a tourné la page et ne veut plus de lui. Sauf que Vincent n’a pas l’intention de lâcher l’affaire. 




Enfermé dans sa bulle, prenant les inconnus à témoin de son amour béat, au gré de ses errances dans la ville immense, il s’accroche et s’arrange toujours pour recroiser Barbara, qui n’en peut plus. Fomentant sa reconquête, Vincent croise la route de Sofie (Sofie Rimestad), aussi paumée que lui, qui l’épaule dès lors dans sa folle course à l’amour perdu.

Du rire à l'ennui

Le film démarre bien, avec une succession de jolies scènes prises sur le vif où Vincent se confie aux passants et aux inconnus lors de rencontres fortuites. Le vendeur de dvd piratés dans le métro, l’inconnue du bar où il échoue, manifestant tous une empathie sincère à son égard. Vincent Macaigne sait parfaitement retranscrire la naïveté de son personnage plein d’espoir à l’idée de retrouver sa belle.

La tâche est d’autant plus difficile que Barbara a un nouveau mec... ce qui ne décourage en aucun cas Vincent, qui n’hésite pas à provoquer dès qu’il en a l’occasion son rival (Murray Bartlett), dans des scènes cocasses et drôles où le bourre pif n’est jamais très loin. Tout à sa reconquête, Vincent passe complètement à côté d’une nouvelle histoire potentielle, en la personne de Sofie. Les regards appuyés et autres bises qui dérapent de la jeune femme n’y font rien, Vincent tourne en rond.

Et à force, on finit par perdre le fil, pour glisser vers un ennui certain. Car comme Sofia Coppola dans Somewhere, filmer l’ennui sous le prétexte de représenter celui-ci ne suffit pas à combler les vides narratifs d’une histoire. Surtout quand le personnage finit par devenir volontairement fatigant, à force d’entêtement. On ne sait plus vraiment à quoi se raccrocher.

Et si on commençait par la fin ?

Le deuxième acte du film tire donc en longueur et l’histoire piétine, alourdissant considérablement l’ensemble. Pour arriver après une ellipse conséquente au dernier acte. Amaigri, presque méconnaissable, Vincent n’est plus que l’ombre de lui-même. Le face à face avec son père et sa petite sœur, venus lui rendre visite, semble être une tentative de retour à la réalité tout en douceur, dans des scènes d’une grande justesse après l’écueil précédent. Car Vincent est tombé bien bas. Sa détresse physique et mentale frappe d’autant plus face à la "normalité" de son père et de sa petite sœur, qui tente avec le plus grand soin et à sa façon de remettre son grand frère "en état".

Les mots apaisants de sa famille suffiront-ils pour que Vincent reprenne pied ? A t-il vraiment tourné la page ? On regretterait presque que le film n’ait pas commencé par la fin.

Joanna Wallace



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