mercredi 14 septembre 2011

Warrior : retour sur la conférence de presse


Artistes : Ils ont le regard complice de deux enfants qui préparent un mauvais coup. Pourtant, tout les oppose. L'un, Anglais, l'oeil malicieux, le cheveu ras, les bras tatoués, parle beaucoup. L'autre, Australien, plus sage, plus mûr, écoute, comme un grand frère et acquiesce aux propos du plus jeune.

Au cinéma, ils sont justement frères. Dans le film de Gavin O' Connor, Warrior, Brendan Collon (Joel Edgerton) et Tommy Collon (Tom Hardy) se retrouvent après de longues années de séparation. Les drames du passé ont nourri leur rancoeur. Disputant tous deux un tournoi de Mixed Martial Arts (un mélange de boxe et d'arts martiaux en plein essor aux USA), ils vont s'affronter sur le ring comme dans la vie et régler leurs comptes sous l'oeil de leur père Paddy (Nick Nolte).

Ce jour-là [en juillet dernier], dans un salon privé d'un grand hôtel parisien, les deux compères arrivent en toute simplicité pour une conférence de presse. Ambiance très intime pour une vingtaine de blogueurs et journalistes. Après avoir assisté à la projection, le décor paraît un peu déplacé. On se serait plutôt vu dans un bistrot parisien autour d'une bière.

Premier round : les personnages
 
Q. : Dès le départ du film, il devait y avoir un gagnant et un perdant. Etiez-vous au courant et étiez-vous d'accord avec ce choix ?
J. E : Oui, nous connaissions la fin. On ne peut s'empêcher de focaliser sur cette question : "Qui va perdre et qui va gagner ?" L'important c'est que les deux frères doivent trouver comment ils vont s'en sortir et aller plus loin. On est investi dans l'histoire de cette famille.
T. H : Forcément, dans le sport, il doit toujours y avoir un vainqueur. C'est ce qui attire le public. Mais il y a aussi une dynamique dans la relation entre les deux frères. Retrouver sa famille, accepter les éléments graduellement énoncés dans le film : le décès de la mère, l'alcoolisme du père entre autres. Le combat, c'est le retour à une nouvelle possibilité de redevenir des frères.



Q. : On pourtant envie que les deux gagnent...
T. H : Il y a en effet deux points de tension par rapport au public. Le public veut un vainqueur et il est tiraillé également par un autre choix d'un point de vue psychologique.

Q. : Il y a soudain une tendance inversée car le cadet était jusqu'à présent le meilleur et le "favori" du père...
J. H :
C'est vrai que Collin est plus fort. Jadis, Brendan était un bon combattant mais pas génial. Il n'avait pas de but pour se battre. S'il devient si bon c'est parce qu'il doit sauver sa maison et donc, sa famille.

Deuxième round : Le tournage
 
Q. : Qu'est ce qui a été le plus difficile pour vous : l'entraînement ou le tournage du film ?
T. H :
Nous étions épuisés avant même de commencer le tournage. Avant d'arriver à Pittsburgh, je n'y connaissais rien. Toute l'expérience a été un choc. C'était incroyable d'apprendre un sport dont j'ignorais tout. La chorégraphie était stimulante. Lors du film de Nolan (Inception, NDLR), il y a eu une fête et cela m'a aidé à "lâcher prise". Donc, dans Warrior, je me suis servi de cette expérience. Je n'étais plus dans la pensée mais dans le "lâcher prise". Je me sentais un peu comme Natalie Portman dans Black Swan !
J. E : Pour moi, c'était différent, j'ai fait du karaté enfant et je suis ceinture noire. Mais je n'étais pas non plus préparé au sport de combat. Le warrior n'est pas un sport qu'on pratique de temps en temps. Il faut un régime spécifique. Nous avons pris du poids en muscles. Je me sentais bien et fier. Il faut beaucoup de contrôle technique. Dans la vie de tous les jours, nous avons tendance à  intellectualiser. Dans ce mode "combat", nous étions dans le feeling. Si Tom se sentait comme Natalie Portman, alors moi, je me sentais comme Glenn Close !

Troisième round : le troisième protagoniste
 
Q. : Les scènes avec Nick Nolte sont particulièrement difficiles. Comment cela s'est-il passé ?
J. E :
Nick est extraordinaire. J'ai une scène-clé avec lui. Ma première scène de tournage était celle de la confrontation au père. J'étais très excité de travailler avec lui. Dans le scénario, cela représentait six pages de dialogues. Nick est un génie. Il a 70 ans et cette scène a été tournée de six heures du soir à six heures le lendemain matin. Les gros plans sur Nick ont été filmés à six heures du mat' et même lors des gros plans sur moi, Nick gardait une émotion intense.
T. H : J'avais aussi cette envie de tourner avec Nick Nolte. Car c'est une légende des années 70. Il a l'air d'un gros ours avec sa voix tonitruante. Il y avait tellement d'émotions dans la séquence avec Joel que le réalisateur a oublié que Nick a 70 ans ! J'ai de nombreux points communs avec le rôle interprété par Nick par rapport à la relation avec l'alcool ou la drogue. J'ai moi-même été confronté à des gens ou à ce genre de situations dans ma vie. Lors de la scène avec mon père à l'hôtel d'Atlantic City, je me suis revu moi-même ou j'ai revu des amis qui étaient passés par là. Tout est remis en cause sur le ring. C'est dangereux mais cela devient aussi le lieu de tous les espoirs.

Avant de nous quitter, Tom se met soudainement à répondre à la dernière question en français. Comme une confidence intime, il nous avoue que ses impressionnants tatouages, qui soulèvent tant d'interrogations dans le film, sont bien réels. Sur sa poitrine, il a fait tatouer le prénom d'un de ses compagnons de la marine décédé. L'acteur britannique a pris plusieurs kilos de muscles avec ce film. Coeur y compris.

Mrs Peel

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