mardi 21 mai 2013

Quinze jours ailleurs : Minnelli filme le crépuscule d'Hollywood


En DVD : Alors que le Festival de Cannes 2013 bat son plein, accueillant Michael Douglas pour son incroyable composition dans Behind the Candelabra, Wild Side a eu la bonne idée d'éditer en vidéo une belle interprétation de Kirk Douglas : celle d'un acteur dépressif dans Quinze jours ailleurs (Two Weeks in another town, 1962) du grand Vincente Minnelli.





Jack Andrus est au bout du rouleau. Sa carrière d'acteur à Hollywood semble finie et sa vie privée ne va pas mieux. Le bonhomme soigne sa dépression dans une clinique psychiatrique. C'est alors que son ami, le réalisateur Maurice Kruger, l'invite à le rejoindre à Cinecitta sur le tournage de son film. Andrus s'envole pour Rome avec la bénédiction de son médecin mais sur place, il se rend vite compte que la production vire au cauchemar.


Crépuscule hollywoodien

Avec élégance et mordant, Vincente Minnelli illustre la fin d'une époque, celle de l'Hollywood triomphant : désormais, les tournages sont réalisés "ailleurs" ("in another town", pour reprendre le titre original) pour des questions financières. Et les films n'ont qu'une seule vocation : rapporter de l'argent, qu'ils soient distribués ou pas. Les artistes ont perdu tout crédit et par conséquent, tout pouvoir. Ce sont des ouvriers à la merci de businessmen incultes et cyniques.

Sur ce boulevard du crépuscule, acteurs et metteur en scène errent, hagards, désabusés, conscients de leur incapacité à s'exprimer au sein d'un système vicié. Ils se débattent à peine, préférant se battre entre eux, pour de dérisoires questions d'ego. Et quel plus beau théâtre pour cette tragi-comédie que la Rome de la Dolce Vita, où l'on rit, pleure, crie, où l'on danse, où l'on boit dans l'inconscience la plus totale.

Comme le pointe Jean Douchet, dans un bonus intéressant, Minnelli décrit la fin de son monde avec son génie de la mise en scène, des couleurs et des décors. Et Kirk Douglas livre une interprétation habitée, toute en intériorité et en intensité. Edward G. Robinson est quant à lui parfait en cinéaste désabusé et retors tandis que Cyd Charisse prête sa beauté à une manipulatrice sans complexes. Du grand art... hollywoodien.

Anderton

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