jeudi 28 mai 2015

Whiplash en mode replay

 
En DVD et Blu-ray : Le Festival de Cannes 2015 s'est achevé mais il est possible d'en reprendre plein les yeux avec les sorties en vidéo de films présentés sur la Croisette en 2014. Aujourd'hui, focus sur l'arrivée dans les bacs du fabuleux Whiplash, projeté l'an passé à La Quinzaine des réalisateurs.

Le film était également passé par le Festival de Sundance et celui de Deauville, où il a obtenu à chaque fois le Grand Prix du jury et celui du public. Des distinctions, il en a obtenu un paquet d'ailleurs, dans d'autres festivals, lors de remises de prix (Oscar, Bafta...) ; il a été distingué par nombre d'associations de critiques américains. Bref, on peut parler d'une quasi-unanimité. Et elle n'est pas volée.
 
Jazz en mode S-M
 
Le pitch n'a pourtant rien d'original : Andrew Neiman, un jeune batteur de jazz, intègre l'une des plus prestigieuses écoles de musique américaines et se retrouve face à Terence Fletcher, un professeur exigeant, intransigeant, menaçant... un putain de psychopathe, oui ! De Karaté Kid à Kill Bill 2, en passant par Wall Street, Officier et Gentleman et bien d'autres, le récit d'initiation entre un jeune innocent et un maître sévère mais (pas toujours) juste a donné lieu à quelques bons films. Nous spectateurs adorons nous identifier à l'élève qui souffre avant de surpasser son mentor... ou au sage qui punit pour mieux faire passer son apprentissage. Du sado-masochisme, sans le latex et les menottes (encore que).
 
Reste que de cette trame classique, Damien Chazelle a tiré une œuvre forte et jubilatoire. Comme il l'explique (en français) dans un des bonus de l'excellent Blu-ray édité par Ad Vitam, il a voulu également montrer à quel point la musique qui nous transporte, nous émeut, nous fait danser, est le produit d'un savoir-faire qui repose sur une grande souffrance. Et le cinéaste ne nous épargne rien des tourments et blessures que subit le jeune Andrew. Les première sont surtout infligées par son implacable prof ; les secondes, par les interminables répétitions qui lui laissent les mains en sang.
 
Jouissif face à face
 
Mais Andrew veut être un grand musicien. Miles Teller (Projet X, Divergente, Les Quatre Fantastiques) l'interprète avec beaucoup de conviction. Il n'en fait pas qu'une "victime" : sa vulnérabilité est accompagnée d'une grande force mentale teinté d'égoïsme que Teller fait passer notamment par le regard. Face à lui, J.K. Simmons (vu dans des tas de seconds rôles de Spider-Man à True Grit) est énorme : costume-noir sur t-shirt noir sur corps sec et affûté, il incarne un prof prêt à tout pour obtenir le meilleur de ses élèves. Un beau salopard qui dévoile progressivement son humanité. On ne compte plus les prix que Simmons a reçus pour son interprétation, le plus prestigieux étant l'Oscar du meilleur second rôle masculin.
 
Cet "affrontement" entre les deux personnages culmine jusqu'à un final jouissif. Le film est porté par une mise en scène rythmée, d'une étonnante maturité pour un deuxième film. La photo est magnifique et la bande-son, qui inclut quelques standards de jazz, contribue à faire monter la sauce jusqu'à ce final de dingue - j'en reparle car il est vraiment jouissif.
 
Outre des interviews du réal et des acteurs, le Blu-ray propose le court-métrage Whiplash, réalisé par Chazelle en 2013. Une sorte de répétition déjà bien maîtrisée qui permet d'apprécier tout le parcours accompli pour en tirer un film. J.K. Simmons avait déjà son rôle en main ; l'acteur qui joue Neiman, en revanche, n'était pas le même : Johnny Simmons (vu dans Jennifer's Body ou, la série Klondike, rien à voir avec J.K.) joue un élève plus innocent, un poil trop fade. On réalise alors tout l'apport de Teller. Une raison de plus d'acquérir cet excellent Blu-ray.
 
Anderton
 
 

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