vendredi 8 mai 2015

De Broca de A à Z : Rappeneau, Truffaut, Welles & co (4/4)


Artistes : Philippe de Broca (découvrez notre dossier) est notre idole. Merci à la Cinémathèque, qui lui rend hommage jusqu'au 1er juin. Voici la dernière partie de notre abécédaire consacré au cinéaste mais rassurez-vous, nous avons encore quelques articles en réserve. En attendant, reprenons à la lettre R comme...



R

Rappeneau (Jean-Paul)

"C'est mon cousin !" Cousinage avant tout esthétique et spirituel, tant leurs films semblent se répondre : Le Sauvage avec L'Africain ; Les Mariés de l'an II avec Cartouche. Ils se sont souvent prêté main forte sur la partie scénario, parfois de façon non créditée, comme ce fut le cas de Jean-Paul Rappeneau sur Le Cavaleur, Julie Pot-de-colle ou Le Magnifique. Surtout, l'un est parvenu à réaliser le film que n'a jamais pu tourner l'autre, Cyrano de Bergerac... "Nous avons des thèmes qui nous obsèdent l'un et l'autre. Je prends cela comme une variation autour du même thème."


Premier gros succès du cinéaste, dont l'origine vient de son envie de faire un film à... Rio avec... Jean-Paul Belmondo ! Pari réussi, influencé évidemment, comme il le reconnaîtra, par Tintin et Milou. "J'ai été très surpris par le succès du film. Je crois que les adultes ont aimé être replongés dans le monde de l'enfance". Au-delà de son côté BD, attachez-vous au soin formel qu'a eu le cinéaste à laisser son cadreur filmer comme rarement dans les comédies les beautés architecturales de l'aéroport d'Orly ou les lignes de fuite abstraites de Brasilia, dignes de celles des villas californiennes que filmera Antonioni dans Zabriskie Point.



Quatrième des acteurs autobiographiques, avec pour point culminant Le Cavaleur (1979). Pourtant, malgré une collaboration entamée avec Cartouche, poursuivie Les Tribulations d'un Chinois en Chine, Le Diable par la queue, le tournage est tendu entre les deux hommes. Malgré la très belle réussite du film, elle signera leur dernière collaboration.



Rôles (seconds)
Des plus célèbres - Rochefort et Marielle à leurs débuts à ceux qui en ont fait une marque de fabrique - Hubert Deschamps,  Julien Guiomar, Claude Piéplu – en passant par ceux que de Broca a contribué à faire connaître – Marc Dudicourt, Roger Dumas, Vittorio Caprioli, Jean-François Balmer, Mony Dalmès – les seconds rôles forment une troupe, et n'ont en fait que des rôles de premier plan dans l'univers baroque du cinéaste. En témoigne le magnifique hommage qu'il leur a consacré : Le Roi de cœur.

T

Tendre Poulet


"C'était un film de commande. Ce qui ne me dérange pas d'ailleurs (…) Je crois même que l'on fait inconsciemment des choses plus personnelles dans un film de commande", explique de Broca. "Ce qui nous a amusé, c'était le mariage de la carpe et du lapin", à savoir Philippe Noiret et Annie Girardot. Comédie policière, inspirée des grands duos américains Spencer Tracy-Katherine Hepburn, il marque la deuxième collaboration du cinéaste avec Michel Audiard. Gros succès, suivi d'une version réalisée dans l'esprit de L'Homme de Rio, On a volé la cuisse de Jupiter.


Engagé comme premier assistant technique sur le tournage des 400 Coups, Philippe de Broca partage avec François Truffaut une longue complicité avec Georges Delerue. Mais aussi l'admiration du père d'Antoine Doisnel, qu'il exprimera publiquement dans une tribune publiée par Le Matin de Paris en 1983 : "J'aime Philippe de Broca parce qu'il est heureux. La preuve ? Je ne l'ai jamais entendu dire du mal de personne".



V

Vague (Nouvelle)

"J'en ai profité. Sans eux, j'aurais sans doute fait du cinéma, mais plus tard". Proche de Chabrol et de Rivette, il est un membre assidu des séances du Studio Parnasse, mais se détache progressivement de la bande des Cahiers du Cinéma. La raison ? Sans doute son envie de faire rire et de construire des scénarios élaborés. Rien à voir avec le souci de faire du neuf et du théorique, comme les cinéastes de la Nouvelle vague.

W

Welles, (Orson) 

La grande inspiration du cinéaste : "Celui que j'aimais avant tout, c'était Welles !", affirme de Broca. "J'ai eu le goût du cinéma à travers des auteurs baroques". De Broca raconte même lui avoir prêté un jour sa caméra, alors qu'il tournait à Vienne.


Z

Zarader (Jean-Pierre)

Spécialiste de l'esthétique, des rapports entre philosophie et cinéma, Jean-Pierre Zarader est un des très rares à s'être intéressé à l'oeuvre de Philippe de Broca, notamment dans ses rapports avec Pascal (lire : "Philippe de Broca est un cinéaste baroque"). Imaginez un monde où l'on puisse enseigner et apprendre la philosophie à partir des films de Philippe de Broca, de L'Amant des cinq jours aux 1001 Nuits, en passant par Le Magnifique ou Le Cavaleur ? Eh bien, Jean-Pierre Zarader l'a fait ! (Et j'ai eu le privilège, avec quelques autres, d'en être l'heureux bénéficiaire, merci à lui).

La plupart des citations sont extraites de l'ouvrage de référence consacré au cinéaste, Philippe de Broca, par Alain Garel, Dominique Maillet, Jacques Valot et Jean-Pierre Zarader, éditions Henri Veyrier.


A lire :


Travis Bickle


Aucun commentaire: